L'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) était le principal parti d'opposition à s'être dit favorable au dialogue, à avoir même pris langue avec la présidence dans deux réunions préparatoires en Italie et en Espagne. Finalement, le parti d'Etienne Tshisekedi a annoncé ce mardi 1er décembre qu'il ne participera pas au dialogue dans les conditions posées par le président Kabila.
La formation historique de l'opposition congolaise a porté un coup à la crédibilité du dialogue national voulu par le président Joseph Kabila. Dans un communiqué publié mardi soir, Etienne Tshisekedi affirme que sa formation « ne se sent pas concernée par le dialogue tel qu'annoncé par M. Kabila », à moins d'un an de la date butoir pour l'organisation de la présidentielle, à laquelle la Constitution interdit au chef de l'État - au pouvoir depuis 2001 - de se présenter.
« Toutefois, ajoute M. Tshisekedi, le parti reste disposé à examiner toute initiative de la communauté internationale visant [...] à l'élaboration d'un calendrier électoral réaliste et consensuel qui tient compte des délais constitutionnels, la mise à jour du fichier électoral », et « l'alternance en 2016 par le transfert pacifique du pouvoir ».
L'opposition veut placer la communauté internationale au centre du dialogue
Pour l'UDPS, c'est le facilitateur international qui doit être le maitre d'oeuvre de ce dialogue et non le chef de l'Etat congolais ou même un comité préparatoire mixte majorité et opposition. C'est pourtant ce qui est prévu dans l'ordonnance promulguée lundi soir par Joseph Kabila. Mais ce n'est pas ce qui était convenu, assure Félix Tshisekedi, secrétaire national de l'UDPS chargé des relations extérieures.
Dans l’ordonnance convoquant le dialogue, il n’est nullement fait mention d’un facilitateur international. Le dialogue, comme le comité qui doit le préparer, est mis sous la co-modération d’un représentant de la majorité et de l’opposition politique. Une co-modération qui pourra bénéficier, avait dit le président Kabila dans son discours à la nation samedi soir d’un accompagnement d’un facilitateur international qui « aura à offrir ses bons offices en cas de difficultés majeures ». Insuffisant, répond aujourd’hui l’UDPS qui dit ouvertement que dans ces conditions, elle ne participera pas au dialogue national.
La principale formation d'opposition continue d’en appeler à la communauté internationale, dont elle dénonce pourtant le silence et se dit prête à accepter toute initiative. Près de deux semaines après l’envoi d’une lettre du président Kabila au secrétaire général des Nations unies proposant quatre noms de facilitateur, le bureau de Ban Ki-moon se refuse toujours à tout commentaire.
Climat politique sous tension
La majorité accuse de son côté les détracteurs du président de se perdre en « procès d'intention ». En janvier, plusieurs dizaines de personnes ont été tuées dans des émeutes contre le pouvoir, essentiellement à Kinshasa, alors que le Parlement étudiait un projet de loi électorale. Celui-ci, hautement contesté par l'opposition, a finalement été adopté, mais le calendrier électoral qui en a découlé a été invalidé en septembre par la Cour constitutionnelle.
M. Kabila a annoncé publiquement samedi 28 novembre son intention de convoquer un « dialogue politique national inclusif », destiné à parvenir à un « consensus » sur le calendrier électoral, la révision du fichier électoral corrompu hérité des élections de 2011, et le financement des élections à venir.
Mais pour M. Tshisekedi, le président a « sciemment refusé de s'engager à respecter la Constitution, notamment pour ce qui est du nombre et de la durée des mandats présidentiels ». Depuis plusieurs mois, l'opposition soupçonne M. Kabila de chercher par tous les moyens à contourner l'interdiction constitutionnelle qui lui est faite de se représenter.
Avec Rfi
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