Deux ans après la signature des déclarations d'Addis Abeba, moins de 200 ex-combattants du M23 sont rentrés en République démocratique du Congo (RDC) sur plus de 2 000 que comptait officiellement cette rébellion. Alors que la conférence internationale pour la région des grands lacs avait lancé un ultimatum pour le 15 décembre, le gouvernement congolais n'a pas rempli ses engagements, déclarait ce week-end sur RFI le président du M23, Bertrand Bisimwa. Faux, répondent les autorités congolaises qui dénoncent des infiltrations des ex-rebelles dans l'est du Congo, ce que l'ex-rébellion dément. On parle de plus de 1 000 ex-combattants et civils du M23 qui auraient disparu d'Ouganda et du Rwanda.
Sur les quelques 1 740 enregistrés en Ouganda, il n'en reste plus que 640. 185 sont déjà rentrés au Congo et quelques 900 autres seraient donc dans la nature. « On nous répond que ce ne sont pas des prisonniers », dit François Mwamba, coordonnateur du mécanisme de suivi de l'accord-cadre d'Addis Abeba censé ramener la paix dans l'est du Congo. Quant au Rwanda, quelques 600 ex-combattants étaient annoncés comme ayant passé la frontière, 450 étaient enregistrés. Et aujourd'hui, personne ne sait plus vraiment, commente un observateur étranger.
Cela fait près d'un an que ce constat a été fait. Le groupe d'experts des Nations unies s'était notamment inquiété d'une possible réorganisation, faute de la mise en application des déclarations de Nairobi signées avec Kinshasa. Aujourd'hui, les autorités congolaises sont catégoriques et parlent d'infiltrations, bien que les motifs avancés ou même leur localisation soient assez disparates.
Au Sud-Kivu, il s'agirait d'ex-combattants du M23 qui collaboreraient avec « des infiltrés burundais venus du Rwanda ». L'un des cas les plus récents cités, c'est l'arrestation d'un opérateur radio présenté comme un ancien du M23 avec deux officiers déserteurs burundais. Si c'était le cas, « il passerait sur toutes les chaines de télévision à Kinshasa », raille un membre de l'ex-rébellion.
Voir aussi : Un an après le M23, quel bilan ?
Les autorités congolaises parlent également d'infiltrés burundais avec des cartes d'électeurs congolaises flambant neuves. Elles disent soupçonner que ces cartes soient issues des kits électoraux volés par M23 dans le Rutshuru et le Masisi. Dans la région de Beni, au Nord Kivu, là encore, côté Kinshasa, on évoque des « infiltrations en lien avec la dégradation sécuritaire ». « C'est aussi une diversion pour cacher leur propre responsabilité dans les massacres », rétorque-t-on côté M23.
« Dans le Rutshuru, nous savons qu'il y en a mais ils sont rentrés paisiblement », avance une source officielle. « Ce sont ceux qu'on a exclus pour trahison en décembre 2013, ils travaillent avec Kinshasa », explique-t-on du côté du M23.
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