Ces nouveaux ministres devront traduire dans les actes le célèbre slogan qui sonne comme une obligation testamentaire : « Le peuple d’abord » légué aux Congolais par l’opposant historique d’heureuse mémoire, Etienne Tshisekedi.
Depuis le 29 juillet dernier, les délégués de FCC et CACH (deux plateformes composant la majorité) ont bouclé les négociations sur la formation du gouvernement de coalition après deux mois de houleuses discussions. L’accord de Kempinski Hotel Fleuve Congo révèle que les deux camps sont tombés d’accord sur la taille du gouvernement et la répartition des postes.
L’heure est donc aux consultations, au casting pour donner aux Congolais le gouvernement qu’ils attendent impatiemment. Quels sont les critères qui devront être pris en compte pour désigner ces ministres sur qui toute la nation fonde son espoir ? C’est tout le nœud du problème. Les analystes politiques lucides s’accordent pour dire qu’à situation exceptionnelle, ministres exceptionnels. Le pays a connu une série de conflits dans les années 1990, dont les conséquences économiques et sociales demeurent néfastes jusqu’à ce jour.
A l’époque du gouvernement issu de la Conférence nationale souveraine (CNS), Mgr Monsengwo avait lancé le vocable « ministres vertébrés » comme pour dire qu’il fallait dans le contexte politique de l’époque des ministres suffisamment aguerris et compétents pour atteindre l’objectif assigné au gouvernement Etienne Tshisekedi. Malheureusement, ce dernier présentera une équipe qui sera soumis aux critiques et donnera lieu à la scission de l’Union sacrée de l’opposition, favorisant ainsi par la suite la fameuse trouvaille de Mgr Monsengwo, « la 3ème voie » qui portera son ami, Léon Kengo wa Dondo, alors patron de l’Union des démocrates indépendants (UDI) à la Primature. L’UDI, que les Kinois dans leur humour noir ont appelé « Union des détourneurs impénitents », comprenait quelques grandes figures comme Alexis Thambwe Mwamba, le professeur Timothée Katanga Mukumadi, Gilbert Kiakwama Kia Kiziki, Umba di Lutete, des anciens PDG sous Mobutu à la tête pour la plupart d’une fortune insolente.
Plus tard, lors de la publication du gouvernement Matata, Tryphon Kin-Kiey Mulumba, ministre des PTT-NTIC dans ce gouvernement, va lancer le concept « gouvernement des surdoués » pour mettre en évidence l’expertise avérée des membres de cette équipe. Pour Kin-Kiey, « chacun de ces 29 ministres pouvait être considéré comme un doué, sinon, un surdoué dans son domaine », (Le Soft international n°1166 du 30 avril 2012). Cette technocratie a-t-elle pour autant tirée la RDC du bas-fond ? A chacun d’y répondre.
A l’heure où les consultations pour la formation du gouvernement Ilunkamba vont bon train, les chefs de file respectivement de FCC et de CACH à qui reviennent le dernier mot sur le choix des ministres Ilunkamba devrait interroger l’histoire pour éviter les erreurs du passé qui nous font tourner en rond, au point que la pauvreté en RDC, selon une récente étude de la Banque mondiale, est élevée et largement répandue, avec une proportion nationale de personnes vivant dans la pauvreté de 64% en 2012, contre 69,3% en 2005. Situation inadmissible au regard des richesses dont le pays recèle.
La gouvernance en RDC, avait dit Gérard Kamanda wa Kamanda du haut de la tribune de la CNS, est un problème d’hommes et des méthodes. Il est connu généralement qu’en RDC, les ressources humaines ne font pas défaut. Cependant, si le Congolais, chacun dans le domaine de son expertise, brille lorsqu’il travaille à l’extérieur du pays, ce n’est malheureusement pas le cas dans leur propre pays. Il se pose donc un problème de probité morale, d’amour de la patrie et du sens de l’intérêt général. Bref, l’expertise à elle seule ne suffit pas. Il faut des hommes qui allient Savoir faire et Savoir être, technocratie et moralité.
Ces genres d’hommes, Joseph Kabila en a cherché pendant tout son mandat à la tête du pays. Il cherchait ne fusse que 15 patriotes pour mettre la RDC sur l’orbite du développement. Apparemment, il n’a pas trouvé cette race rare. Sera-t-il le cas pour Félix Tshisekedi ? Seul l’avenir nous le dira.
St Théodore Ngangu Ilenda / MNC
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