" Nous exhortons nos partenaires à soutenir effectivement mon Gouvernement dans nos efforts pour la préservation de l'écosystème de la forêt du Congo. Ce soutien devrait se réaliser par des compensations financières sérieuses, des partenariats efficaces et le transfert des technologies afin de permettre à la RD Congo d'œuvrer de manière durable et par une action renforcée pour l'atténuation, l'adaptation et la diminution de gaz à effets de serre à la base du réchauffement climatique de la planète ". Tel est donc l'économie du discours sans équivoque, du président de la RD Congo, Félix Tshisekedi, lundi 23 septembre à la tribune du sommet sur l'Action pour le climat, organisé à New York.

Devant plusieurs chefs d'Etat et de Gouvernement présents à ces assises, Félix Tshisekedi a par ailleurs, rappelé que la forêt de la RD Congo qui fait partie du Bassin du Congo, s'étend sur une superficie de 154 millions d'hectares et couvre plus de 60% des forêts du Bassin du Congo. Pas seulement. S'appuyant sur les résultats d'une étude récente dans le Bassin du Congo, le chef de l'Etat rd congolais a encore apostrophé que les tourbières dans la forêt de la RD Congo s'étendent sur 145.000Km². Qui plus est, elles stockent environ 30 milliards de tonnes de carbone. Enorme.

Dans son plaidoyer, le successeur de Joseph Kabila a expliqué que les 30 milliards de tonne de carbone stockés par les forêts congolaises, sont l'équivalent de 3 ans des tropicales les plus étendues d'émissions des combustibles fossiles dans le monde. Ce qui fait des tourbières du Congo le complexe de tourbières de la planète terre. " Si les forêts de la RD Congo partaient en fumée, c'est plus de 52% d'eaux douces d'Afrique qui partiraient avec elles", a encore déclaré Félix Tshisekedi.

Dans son speech, le premier des Congolais prévient que "la disparition de cet écosystème provoquerait une grave crise écologique et ébranlerait la stabilité du climat dans le monde". Point donc besoin d'être expert en analyse de contenu, pour comprendre que le message de Félix Tshisekedi met en évidence, la place privilégiée qu'occupe la forêt de la RD Congo, dans la riposte au changement climatique.

Le Président congolais qui s'est ainsi exprimé au nom de tous ses pairs de la sous-région d'Afrique centrale, a démontré que cette partie du Continent couve l'un des plus beaux et plus importants espaces patrimoine universel. A savoir les forêts du très prestigieux Bassin du Congo qui, en termes de proportions, constituent une part non négligeable à la réplique aux grands défis qui représentent à ce jour, une menace réelle à la planète.

LES PAROLES SEULES NE SUFFISANT PAS…

L'histoire rappelle que le plus grand défaut des Congolais est celui d'être souvent absents, dans les assemblées où se décide parfois la destinée de leur pays. On se souvient par exemple qu'en 1945, la seconde guerre mondiale a été réglée par le bombardement des villes japonaises de Hiroshima et Nagasaki, grâce à la bombe fabriquée sur base de l'uranium de Chinkolobwe dans l'ex-province du Katanga. Mais tout s'était passé sans la RD Congo, le pays étant à l'époque sous la colonisation belge. Belle excuse.

Aujourd'hui, il n'y a pas de raison que l'on organise des assemblées internationales sur le réchauffement climatique, sans la RD Congo qui représente justement près de 25% des forêts. Ainsi, que Félix Tshisekedi ait effectué le déplacement pour New York pour plaider la cause de la forêt du Bassin du Congo, personne ne saurait s'en plaindre. Bien au contraire. Les Congolais ont justement de quoi se réjouir et même féliciter leur Président de la République. Ce, dans la mesure où le sommet a planché sur une problématique qui touche directement à l'existence, sinon à la survie même de l'humanité. D'ores et déjà, le sommet sur l'"Action pour le climat" vu sous son angle de mutualisation des efforts dans la réplique au réchauffement de la terre, présente un enjeu vital.

Lorsqu'on parle du Bassin du Congo, on voit ces importantes réserves forestières qui s'étendent sur le Cameroun, la Centrafrique, le Congo-Brazzaville, le Congo-Kinshasa et la Guinée Equatoriale. Cependant, il s'avère qu'au regard des chiffres en termes de pourcentage, c'est la RD Congo qui a la plus grosse part d'étendue d'espaces verts. Voilà qui explique sa place de deuxième poumon vert de la planète après les forêts amazoniennes.

Problème. Les paroles seules de Félix Tshisekedi à New York ne suffisent pas. C'est vrai que le discours incisif du Président congolais a le mérité d'être une interpellation faite à la Communauté internationale face à l'enjeu du réchauffement climatique. Au jour d'aujourd'hui, tous les experts s'accordent sur le fait que l'antidote à ce danger commun consiste en la protection, la préservation des forêts du Bassin du Congo. En l'occurrence, celle de la RD Congo, victime d'une déforestation constante depuis plusieurs années.

Ainsi, après la prestation du Président congolais lundi dernier au siège de la plus grande Organisation planétaire, d'aucuns pensent qu'il faille désormais en assurer le service après-vente. Ici, la responsabilité incombe aux dirigeants du pays cités. Mais aussi à tout ce que la RDC compte de technostructures (société civile, sociétés savantes, confessions religieuses ...) A partir du moment qu'elle a pris conscience- on l'espère-de l'enjeu que représente la forêt de leur pays dans la réponse au réchauffement climatique, l'intelligentsia congolaise se doit d'entreprendre des actions de grand lobbying afin de pousser la Communauté internationale à mobiliser les moyens nécessaires pour sauver le patrimoine commun qu'est la forêt du Bassin du Congo. Grevisse KABREL

ALLOCUTION DE SON EXCELLENCE MONSIEUR FÉLIX-ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO A LA REUNION SUR L'ALLIANCE POUR LES FORETS TROPICALES New York, 23 septembre 2019

Messieurs les Présidents de la République Française, de la République de Chili et de la République de Colombie,

Au seuil de mon propos, Je voudrais vous féliciter pour l'initiative d'organiser cette réunion qui porte sur l'Alliance pour les forêts tropicales, lesquelles jouent un rôle déterminant dans la régulation du climat mondial. Leur importance pour l'écosystème et la vie des hommes est primordiale.

Mon pays appartient au massif forestier du Bassin du Congo. La forêt de la République Démocratique du Congo s'étend sur une superficie de 154 millions d'hectares et couvre plus de 60% des forêts du Bassin du Congo. Des récentes études ont montré que les tourbières dans la forêt de mon pays s'étendent sur 145.500 km2, et stockent quelque 30 milliards de tonnes de carbone. Cette étendue de carbone est l'équivalent de 3 ans d'émissions de combustibles fossiles dans le monde.

Ce qui fait des tourbières du Congo le complexe des tourbières tropicales le plus étendu de la planète. Si les forêts de la République Démocratique du Congo partaient en fumée, c'est plus de 52% d'eaux douces d'Afrique qui partiraient avec elles. La disparition de cet écosystème provoquerait une grave crise écologique et déstabiliserait la stabilité du climat dans le monde.

Messieurs les Présidents,

Il se fait malheureusement que, pour des besoins essentiels de la vie, la forêt de mon pays est menacée, à l'instar de celles d'Amazonie, ou encore de Bornéo- Mékong. Puis-je vous rappeler qu'environ 1,6 milliards des personnes dans le monde, soit plus de 20% de la population mondiale dépendent des forêts et des services ecosystemiques qu'elles fournissent, notamment, des aliments, des plantes médicinales, du fourrage pour le bétail et du bois pour la construction et l'énergie. A ce sujet, il est important de relever qu'environ 2,8 milliards de personnes utilisent le bois de chauffage pour la cuisson et le chauffage.

Dans mon pays, pour ne citer que ce cas, environ 90% des ménages dépendent du bois-énergie pour leurs besoins domestiques.

La menace est donc sérieuse et nous devons absolument réaliser la transition énergétique en accélérant le développement et la promotion des énergies propres et renouvelables. C'est notamment dans ce cadre qu'il faudrait circonscrire les nombreuses initiatives au niveau de mon Gouvernement et au niveau international, parmi lesquelles je citerai, sans être exhaustif :

Au niveau national :

- Celles de planter un milliard d'arbres d'ici 2023 à travers le programme dénommé " Jardins scolaires pour 1 milliard d'arbres ", de sensibiliser la jeunesse au respect de l'environnement, et de former des Cadres universitaires pour la gestion responsable de l'environnement.

- Celles de mettre en place une Charte nationale de l'Environnement et du Développement durable, d'établir une Cartographie forestière, d'évaluer les potentialités en biodiversité du Congo et de protéger les tourbières et les communautés locales, tout en veillant à la bonne gestion des concessions forestières ainsi qu'aux cadastres y relatifs.

Au niveau international :

- L'opérationnalisation et la promotion de l'économie verte et l'économie bleue en Afrique Centrale et la mobilisation des efforts de la communauté internationale en vue de contribuer à la capitalisation du Fonds de l'Economie Verte et du Fonds Bleu ;

- La dynamisation de la mise en oeuvre de l'Initiative " Sommet des Trois Bassins Forestiers ", plateforme politique Sud-Sud de gestion des forêts de l'Amazonie, du bassin du Congo et de Bornéo-Mékong, " ;

- La mise en oeuvre de la feuille de route pour la promotion des énergies renouvelables de l'Afrique Centrale, ainsi que 26 Projets Intégrateurs Prioritaires, dont Inga 3 pour la République Démocratique du Congo, et 16 projets du Programme d'Electrification Transfrontalière sous la coordination du Pool Energétique de l'Afrique Centrale.

Dans ce contexte, et considérant les besoins et les préoccupations spécifiques de nos populations qui dépendent en grande partie de ces forêts et des services écosystémiques qu'elles fournissent.

Nous exhortons nos partenaires à soutenir effectivement mon Gouvernement dans nos efforts pour la préservation de l'écosystème de la forêt du Congo. Ce soutien devrait se réaliser par des compensations financières sérieuses, des partenariats efficaces et le transfert des technologies afin de permettre d'oeuvrer de manière durable et par une action renforcée pour l'atténuation, l'adaptation et la diminution de gaz à effet de serre à la base du réchauffement climatique de la planète. Messieurs les Présidents, Je vous remercie de votre attention.