Le médecin congolais Denis Mukwege, surnommé « l’homme qui répare les femmes », a profité de son passage à Montréal, vendredi, pour signer une entente de collaboration avec l’Université de Montréal afin d’user de son expertise pour poursuivre sa lutte contre les violences sexuelles en temps de guerre.
Lauréat du prix Nobel de la paix en 2018, le médecin a consacré toute sa carrière à cette cause, notamment en République démocratique du Congo (RDC), où il a fondé l'hôpital Panzi avec l'aide d'un organisme caritatif suédois.
« La violence sexuelle, ce n’est pas une question de féminisme. C’est une question humaniste », a affirmé le médecin lors d’une discussion organisée à l'École de santé publique de l'Université de Montréal (ESPUM).
L’approche que je [préconise], c’est la sensibilisation. C’est de pouvoir en parler, que toutes les femmes soient capables de rompre le silence quand ça arrive, puisque le silence, c’est l’arme absolue des bourreaux.
En entrevue avec La Presse canadienne, le médecin a comparé le viol à une « arme de destruction massive », affirmant que pour la détruire, il fallait briser le silence et ainsi empêcher les agresseurs d'agir en toute impunité. « Malheureusement, c'est une arme que le monde ne veut pas reconnaître et ne veut pas sanctionner », a-t-il soutenu.
Mais ne pas briser le silence, cela signifie qu'on fait porter le fardeau du silence aux victimes, a-t-il ajouté. « Lorsqu'on ne dit pas, ça ne veut pas dire qu'on ne souffre pas. »
Le Dr Mukwege a fondé l’hôpital Panzi à Bukavu, dans l’est de la RDCRépublique démocratique du Congo, en 1999. Depuis, l’établissement a aidé plus de 96 000 femmes victimes de violences sexuelles. En plus du travail qu’il effectue comme gynécologue-obstétricien, Denis Mukwege a acquis une renommée internationale en plaidant la cause des victimes et en leur donnant une voix.
Échange de connaissances et philanthropie
C’est pour donner plus de ressources à la Fondation Panzi RDCRépublique démocratique du Congo, affiliée à l’hôpital, que le Dr Mukwege a signé une entente – non chiffrée – avec l’UdeMUniversité de Montréal, qui permettra à cinq facultés d’apporter leur expertise sur la question des violences sexuelles et de collaborer à des projets de recherche et de formation.
Il s’agit des facultés de médecine, de sciences infirmières, de droit, des arts et sciences ainsi que de l’ESPUMÉcole de santé publique de l'Université de Montréal.
« Les experts de l’Université de Montréal vont nous aider à pouvoir poser de véritables questions par rapport au phénomène que nous vivons, essayer de comprendre ce qui se passe et, certainement, apporter les réponses qu’il faut », a souligné le Dr Mukwege, qui a de plus reçu un doctorat honorifique de l’UdeMUniversité de Montréal vendredi après-midi.
Pour le Dr Réjean Hébert, doyen de l'École de santé publique, cette entente est la « promesse que l’Université de Montréal ne restera pas indifférente » à la violence que vivent les femmes et les enfants en RDCRépublique démocratique du Congo.
« On monte le dossier d’une chaire philanthropique et je vais me promener pour essayer d’avoir des donateurs pour être capable de constituer un fonds qui nous permettra d’avoir une action encore plus intéressante, non seulement en République démocratique du Congo, mais aussi dans d’autres pays », a-t-il dit.
Avec Radio Canada
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