BURUNDI
L'opposition au Burundi, qui entend contrer la candidature annoncée du président burundais Pierre Nkurunziza à un troisième mandat présidentiel, a appelé à de grandes manifestations lundi après une journée de violents affrontements avec la police dimanche 26 avril.
Deux manifestants ont été tués par balles à Bujumbura, la capitale du Burundi. Des heurts ont éclaté entre manifestants et policiers dans plusieurs quartiers de la ville au lendemain de la désignation par son parti du président, Pierre Nkurunziza, comme candidat à la présidentielle du 26 juin. Selon des témoins, un manifestant a été tué dans le quartier de Ngagara et un autre dans celui de Musaga, où la police a fait usage de balles réelles pour disperser les manifestants. Le corps d'une des victimes a été laissé dans la rue, tandis que la Croix-Rouge a emporté celui de la seconde, ont ajouté plusieurs autres témoins.
Selon les médias locaux, plusieurs manifestants ont été blessés, ainsi que des policiers, touchés par des jets de pierres. « Nous avons appelé à des manifestations pacifiques, et c'est bien ce qui se passait, mais la police et les milices du parti au pouvoir ont tiré à balles réelles sur les manifestants », a affirmé Frodebu Leonce Ngendakumana, un dirigeant de l'opposition.
Le ministre de l'intérieur burundais, Edouard Nduwimana, a condamné ce qu'il a qualifié de « soulèvement à l'appel de certains hommes politiques et responsables de la société civile ».
A l'approche du congrès formalisant la candidature du président sortant que l'opposition juge inconstitutionnelle, les autorités avaient interdit toute manifestation, tandis que l'opposition avait appelé à manifester « pacifiquement » dès dimanche.
Une soixantaine d'arrestations
A la tête de l'Etat depuis 2005, et après avoir été réélu en 2010, Pierre Nkurunziza, 51 ans, s'apprête à briguer un troisième mandat à la présidence du Burundi. Il a été désigné samedi par son parti, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), candidat à l'élection présidentielle du 26 juin.
Les tensions se cristallisent sur la question de cet éventuel troisième mandat et font craindre aux observateurs que le pays ne replonge dans la violence. L'opposition et de nombreux pans de la société civile jugent qu'un troisième mandat serait inconstitutionnel et contraire aux accords d'Arusha, qui avaient ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile burundaise (1993-2006). Un bras de fer semble s'annoncer dans le petit pays d'Afrique des grands lacs, où la société civile est très active.
Le gouvernement avait multiplié les mises en garde contre toute tentative de « soulèvement ». Les autorités avaient donné le ton dès la semaine dernière : une soixantaine de personnes avaient été arrêtées et inculpées de « participation à un mouvement insurrectionnel », infraction passible de la prison à perpétuité, lors de premiers mouvements de rue contre ce troisième mandat annoncé.
A l'annonce de la candidature de l'ex-chef rebelle, grand sportif et protestant converti, les Etats-Unis ont déclaré regretter « une importante occasion manquée » pour la démocratie et ont menacé les autorités burundaises de prendre des sanctions si le processus électoral n'était pas régulier. Depuis plusieurs mois, la communauté internationale multiplie les appels à l'apaisement. L'histoire postcoloniale de cet ex-protectorat belge, indépendant depuis 1962, a été marquée par des massacres interethniques.
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