Donitien Ndayizeye
BURUNDI
Au moins six civils ont été tués depuis dimanche dernier au Burundi. A la faveur de la trêve décrétée par le collectif anti-troisième mandat, plusieurs familles enterrent leurs proches. Face aux manifestants,qui promettent de revenir à la charge dès lundi, le gouvernement apparaît divisé sur l'attitude à adopter.
Cimetière de Mpanda, à la sortie de Bujumbura, samedi. Des voix tremblantes, une foule en pleurs. Et sous une tente, au premier rang, des responsables de partis politiques de l’opposition. Jean-Claude Niyonzima était un employé de Toyota-Burundi. A 40 ans, il était le pilier de sa famille. « C’était l’aîné, c’était le père des enfants, c’était comme mon père », témoigne une proche.
Selon ses proches, Jean-Claude Niyonzima a été tué par balle, chez lui, le 26 avril dernier par des hommes en uniforme de police qui recherchaient des manifestants. Personne, au sein de sa famille, ne reconnaît qu’il avait un quelconque lien avec le mouvement de contestation, qualifié samedi d’« entreprise terroriste » par le ministre de la Sécurité publique.
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L’ex-président Domitien Ndayizeye défend les accords d'Arusha
A l’enterrement de Jean-Claude Niyonzima, l’ancien président Domitien Ndayizeye, membre du collectif anti-troisième mandat, a pourtant été invité à s’exprimer. Il a assuré à la famille de Jean-Claude Niyonzima que « son sacrifice ne serait jamais oublié ».
« Je suis venu accompagner une victime de la lutte pour le recouvrement de la démocratie, en particulier la lutte contre le troisième mandat du président de la République », a-t-il déclaré. Pour l’ancien président du Burundi, « les institutions actuelles semblent vouloir enterrer cet accord d’Arusha. Et vous voyez, cette démarche nous mène tout droit vers l’enfer ». Domition Ndayizeye s’est aussi fait l’avocat de cet accord d’Arusha, « un accord qui nous a permis de recouvrer la paix » et a ensuite « permis de recouvrer la démocratie ».
Une semaine de heurts violents entre contestation et répression
Ce dimanche, une semaine jour pour jour après le début de ces manifestations, chaque camp fourbi ses armes en prévision de la semaine à venir. Celle qui s'achève n'a pas été de tout repos : plus de 600 interpellations, six civils et un soldat tués par balle, une soixantaine de blessés dans chaque camp.
Les heurts ont été souvent violents entre les opposants à un troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza, qui tentaient de converger vers le centre-ville de Bujumbura pour y manifester, et la police du Burundi, décidée à utiliser tous les moyens à sa disposition pour les réprimer.
Armée et police ne sont pas sur la même ligne
Tout le monde est unanime : l'intervention de l'armée burundaise, qui s'est systématiquement interposée entre les deux camps dès les premiers jours de la contestation, a permis d'éviter le pire. Mais cette fois, cela risque d'être autrement plus dur. La société civile, à la pointe du mouvement contre le 3e mandat de Nkurunziza, a décrété deux jours de trêve, samedi et dimanche. Objectif : enterrer dignement ses morts, mais aussi de refaire ses forces. Et elle a promis de revenir en force dès lundi.
De son côté, le ministre burundais de la Sécurité publique, qui qualifie désormais les manifestants de « terroristes », promet plus de répression. Mais le camp gouvernemental se fissure déjà. Dans la foulée, le ministre de la Défense s'est en effet démarqué de cette position, en réaffirmant la neutralité de l'armée burundaise.
Pierre-Claver Mbonimpa /RFI
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