L'ancien patron de l'hôtel des mille collines, Paul Rusesabagina, qui avait sauvé plus de 1 200 personnes abritées dans son hôtel pendant le génocide au Rwanda en 1994, a témoigné au New York Times depuis sa cellule à Kigali.
Son histoire a inspiré le film « Hôtel Rwanda ». Alors qu'il était de passage à Dubaï le 26 août dernier, il avait disparu avant de réapparaître à Kigali le 31 août… en état d'arrestation. L'ONG Human Rights Watch avait dénoncé une « disparition forcée ». Des journalistes du New York Times ont pu rencontrer celui qui est devenu un opposant politique au président Paul Kagame.
Dans sa cellule « spartiate », selon les journalistes du NYT, Paul Rusesabagina, chemise blanche et veste anthracite, raconte calmement et avec un léger sourire en coin ce qui lui est arrivé et comment il a été arrêté. Sous la surveillance de deux officiers de police, il décrit au quotidien américain avoir quitté les États Unis, où il réside, pour se rendre au Burundi. Il affirme avoir été invité par un pasteur local à faire une série de discours.
Mais finalement, l'avion, opéré par une compagnie grecque et fréquemment utilisée par le président Paul Kagame, ne l'emmène pas là où il pense. « Comment je suis arrivé ici, ça a été une surprise. En fait, je ne venais pas ici, j'allais au Burundi. J'ai pris l'avion. Un vol ordinaire. Et quand je suis arrivé pour mon escale à Dubaï, il y avait quelqu'un du Burundi qui avait loué un jet privé. Ce jet privé devait nous emmener de Dubaï à Bujumbura. Il nous a emmené de Dubaï à Kigali. Quand on a atteri, je pensais être atterrir à Bujumbura », raconte-t-il. Paul Rusesabagina confirme donc être tombé dans un piège.
Depuis des années dans le collimateur des autorités rwandaises
Ensuite, pendant 3 jours, il disparaît. Il refait finalement surface en détention. Pendant ce temps, sa famille affirme n'avoir eu aucune nouvelle. « J'ai été emmené quelque part. Mais je ne sais pas où j'étais. J'avais les jambes et les mains ligotées. Mon visage masqué. Je ne pouvais rien voir. Je ne sais pas où j'étais. Après ces 3 jours j'ai été très très bien traité », témoigne-t-il. Selon les officiels rwandais son but était en fait de rencontrer des groupes armés.
Il est depuis des années dans le collimateur des autorités rwandaises. Son parti, le Mouvement rwandais pour le changement démocratique est accusé d'avoir un bras armé : le Front de libération nationale, un groupe considéré comme terroriste par le pouvoir.
Lundi 14 septembre, il a été inculpé de terrorisme, meurtre et financement de rébellion par un tribunal de Kigali.
RFI
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