Les ATACMS américains et SCALP-EG franco-britanniques ont permis aux troupes ukrainiennes de remporter des succès locaux face à Moscou. Mais un mois après l'autorisation de leur utilisation par les partenaires occidentaux de Kiev, leur impact sur le conflit en cours paraît très limité.
Après plusieurs mois de demandes répétées adressées à Washington, Kiev a finalement reçu en novembre l'autorisation d'utiliser les missiles à longue portée ATACMS contre des cibles en territoire russe.
Cette permission d'emploi des redoutables armes américaines devait apporter aux troupes ukrainiennes une aide décisive face aux avancées russes sur plusieurs points du front : en frappant des centres logistiques, aérodromes, ou encore stocks de munitions déployés loin des lignes de combat, Kiev espérait pouvoir soulager diminuer les capacités des soldats de Moscou, tout en épargnant la vie de ses propres hommes.
Un nombre de munitions très limité
Les ATACMS, ainsi que les SCALP-EG (ou Storm Shadow) franco-britanniques, ont été employés à plusieurs reprises contre des cibles dans les régions de Koursk et Bryansk, visant des postes de commandement, systèmes de défense antiaériennes, un aérodrome...
Comme le souligne The Insider, le ministère russe de la Défense a fait preuve d'une transparence inhabituelle suite à ces attaques, publiant les dégâts matériels et humains qu'elles ont infligés, tandis que Vladimir Poutine a fait le lien entre l'utilisation des ATACMS en territoire russe et le déploiement du nouveau missile Oreshnik par le Kremlin.
Des problèmes se sont cependant très rapidement imposés : le magazine Forbes estimait mi-novembre que l'Ukraine ne disposait alors que d'une cinquantaine d'ATACMS à portée de 305 kilomètres, un nombre ne permettant pas de frapper l'essentiel des cibles russes à portée de tir.
À titre de comparaison, l'attaque massive russe conduite le 17 novembre 2024 a employé environ 120 missiles et 90 drones, selon des officiels ukrainiens cités par Reuters.
La dépendance aux livraisons occidentales
Depuis la fin novembre, les Ukrainiens se seraient abstenus d'utiliser d'autres ATACMS, à l'exception d'une attaque contre un aérodrome à Taganrog, un port sur la mer d'Azov à proximité de la frontière ukrainienne. Si les missiles occidentaux ont pu avoir des effets locaux, comme le 20 novembre avec la destruction d'un poste de commandement dans la région de Koursk, ces armes n'ont pas pu changer la donne à elles seules, alors que Kiev est en difficulté sur son propre sol.
De nombreuses cibles potentielles russes ont également été déplacées hors de portée, comme leurs avions larguant des bombes planantes. Si ces relocalisations compliquent la logistique russe, la capacité des ATACMS à frapper des cibles essentielles pour les forces de Moscou diminue donc progressivement.
Le média russe indépendant The Insider a identifié 30 dépôts de munitions et aérodromes majeurs toujours à portée de ces missiles. Ces cibles excluent des systèmes de défense antiaériens, facilement déplaçables, et centres logistiques contre lesquels les missiles sont peu efficaces.
Mais la destruction de ces infrastructures dépend des livraisons continues d'ATACMS par Washington, une éventualité qui paraît compromise avec le retour au pouvoir d'ici janvier 2025 d'un Donald Trump déterminé à mettre un terme au conflit.
Geo.fr
Application de CComment' target='_blank'>CComment