À dix mois de la présidentielle et des législatives du 20 décembre, le doute s’accentue sur la tenue du scrutin.
“ Il faut des élections inclusives. Tous les Congolais en âge de voter doivent pouvoir exercer leur droit”, explique une source européenne. Dans le viseur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo où l’insécurité règne en maître. “Cette inclusivité sera un facteur majeur pour la crédibilité de ces scrutins”, poursuit la source qui évoque “une ligne rouge” en rappelant qu’“en 2018, certaines régions, comme Beni et Butembo, n’ont pu voter. On ne peut plus accepter ce scénario.”
En RDC, les responsables de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), son président Denis Kadima en tête, continuent de marteler leurs certitudes d’un scrutin national le 20 décembre prochain. Dans la zone 1, où l’inscription des électeurs a débuté le 24 décembre et devait s’étaler sur un mois, de nombreux bureaux n’ont toujours pas fermé leurs portes. “Compte tenu des difficultés de fonctionnement rencontrées […] dans certains centres d’inscription, une période de rattrapage leur sera accordée selon les cas”, expliquait un communiqué de la Ceni le 16 février, ajoutant que les provinces concernées étaient “l’Équateur, Kinshasa, le Kongo Central, le Kwango, le Kwilu, le Mai-Ndombe ; la Mongala, le Nord-Ubangi, le Sud-Ubangi et la Tshuapa”, soit toutes les provinces de cette zone.
Surreprésentation
La mission d’observation électorale envoyée par les catholiques et les protestants dans la zone a relevé de nombreux dysfonctionnements dans les bureaux visités. Elle pointe notamment des “centres d’inscription introuvables ou non ouverts” pendant l’inspection du 25 janvier au 7 février, des “dysfonctionnements des kits d’inscription pendant plus d’une semaine”.
“Le constat de ces observateurs est une évidence, explique un élu du Kwango. C’est du pur amateurisme. On sait que nous sommes dans une course contre la montre pour tenir le calendrier électoral et tout semble être fait pour compliquer le processus avec un personnel qui est arrivé non formé, qui est souvent impayé, et des machines récalcitrantes.”
Un constat confirmé par plusieurs agents qui parlent entre autres de “câbles manquants pour brancher les panneaux solaires ou l’absence de machines de remplacement”. “Il y a cinq ans, on a aussi rencontré des soucis avec ces machines mais quand elles tombaient en panne, on en recevait une de remplacement. Ici, même si M. Kadima prétend avoir acheté 50 % de machines supplémentaires par rapport à 2018, il a été impossible d’en avoir une de remplacement. Nous avons donc dû fermer un bureau”, explique un agent du Kongo central.
Dans le Haut-Katanga, on fustige “la volonté de favoriser les provinces qui sont susceptibles de voter pour Tshisekedi”. En cause, les derniers chiffres fournis officiellement par la Ceni qui indiquent que 551 centres d’inscription sont prévus pour le Haut-Katanga contre 574 pour le Kasaï-Oriental pour un nombre d’électeurs attendus de 1 345 760 pour le second (sur une superficie de 9 545 km²) et de 3 010 238 électeurs pour le premier (sur une superficie de 132 425 km²). “Qui ose encore parler d’élections inclusives et démocratiques avec ces chiffres ?”, interroge un habitant de Lubumbashi.
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