Concerti en politicien après avoir dirigé la centrale électorale, Corneille Nangaa Yobeluo se montre de plus en plus virulent à l’égard du pouvoir de Félix Tshisekedi. Dans une tribune au vitriol publiée il y a près d’une semaine, l’homme s’en est pris à la Garde républicaine qu’il accuse de comporter en son sein des éléments rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), une force qui compte certains génocidaires rwandais.

Lors d’un briefing presse mercredi 16 août dernier, le ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya, avait qualifié les propos de Corneille Nangaa « d’une extrême gravité », précisant que « il peut même être appelé à répondre devant la justice » de ces déclarations. Pour le porte-parole du gouvernement, le gouvernement ne peut jamais collaborer avec des rebelles, encore moins avec une « force génocidaire » que sont les FDLR.

Patrick Muyaya pense que l’attitude de Corneille Nangaa est de nature à relayer la propagande de Kigali sur cette question. Ce groupe rebelle hutu-rwandais est aussi utilisé par Kigali comme un prétexte de son invasion de la RDC. Paul Kagame n’a cessé d’accuser le régime de Félix Tshisekedi de soutenir les FDLR pour déstabiliser les institutions rwandaises.

De son côté, Corneille Nangaa ne voit pas la gravité de ses propos. A Jeune Afrique, il s’est même permis de s’interroger : « En quoi le fait de pointer la présence d’infiltrés dans la Garde présidentielle est-il un crime ? ». Le prédécesseur de Denis Kadima Kazadi pense que ses ennuis viennent de loin. Il cite ses révélations sur l’accord politique de gouvernance signé entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi avant l’alternance pacifique du pouvoir.

« Dois-je vous rappeler que déjà le fait pour moi d'avoir évoqué, au cours d'une interview à Jeune Afrique, la mémoire d’un accord politique de gouvernance FCC-CACH avait été le détonateur d’une série de menaces en permanence sur ma personne. Certaines grosses légumes du régime considérant que nous en savons un peu trop sur les contours de la passation pacifique des pouvoirs début 2019 entre les présidents sortant et entrant", a-t-il expliqué encore à Jeune Afrique.

Alors qu’aucun mandat officiel ne lui a été adressé par la justice au sujet de ses déclarations, le  président du parti Action pour la dignité du Congo et de son peuple (ADCP) dit prendre la décision de s’exiler par précaution. Car, selon lui, il se sent « menacé » par le régime en place.

Dido Nsapu / Digital Congo