Le Point Afrique : quel est le diagnostic que vous faites aujourd'hui de la situation au Liberia ?
George Weah : le Liberia est un pays riche, mais ses citoyens sont pauvres. Il y a un déficit d'infrastructures (c'est difficile de rouler) et les produits sont très chers. Pour ce qui est des hôpitaux, tout le monde ne peut pas y aller pour se soigner, car il faut payer d'abord. Cela n'est pas juste et c'est tout simplement inacceptable. En plus de cela, il y a les impôts qui sont vraiment lourds. Les Libériens veulent un changement car, depuis 170 ans, il n'y a rien qui a vraiment changé pour eux. Ils veulent des changements pour qu'il y ait des investisseurs mais aussi pour que leurs enfants fassent des études de la sixième à la terminale. Il faut que les Libériens, dont beaucoup souffrent aujourd'hui, aient la possibilité de trouver des moyens de vivre. Ils veulent donc le changement pour retrouver l'espoir. Plus récemment, on peut dire que cela dure au moins depuis 2005.
Que prévoyez-vous de faire pour changer la situation ?
Au niveau national, j'envisage déjà de mettre en place un système qui fait que tout le monde a droit aux soins quand il se présente à l'hôpital. Je veux accorder la priorité à la vie. Pour ce qui est des frais de soins et du paiement, on pourra voir après.
Pour ce qui est de l'éducation, je souhaite pouvoir donner à chaque enfant, quel que soit son milieu social, la possibilité de faire des études gratuitement jusqu'en terminale. Pour financer cela, on peut mettre une taxe sur l'alcool ou sur la cigarette. Il faut sortir les enfants de la situation qui les conduit à faire le tour des bureaux pour chercher de l'aide. Cela les conduit à échouer à leurs examens et cela n'est pas bien. Nous devons tout faire pour leur permettre d'aller à l'école.
Sur le plan économique, je propose qu'on baisse le prix du riz, qui est la composante principale du plat national. C'est un minimum à faire pour des populations qui n'ont même pas 100 dollars de salaire par mois.
Sur un autre volet, celui de la corruption, tout le monde sait ce qui se passe au Liberia. Je propose la mise en place d'une structure de lutte contre la corruption. Si je suis élu, je souhaite que les corrompus soient mis de côté de manière définitive, contrairement à ce qui se passe actuellement. Parce que nous voulons apporter quelque chose aux populations mais les dépouiller, notamment par le biais de la corruption. Pour faire face à la situation économique difficile, j'entends m'entourer de personnes compétentes capables de solutionner les problèmes du pays.
Qu'avez-vous prévu pour permettre à la démocratie libérienne de respirer et de bien respecter la séparation des pouvoirs ?
Il faut aller dans une logique de débats. J'envisage de chercher des alliés à la fois au Sénat et à l'Assemblée nationale pour donner plus de force à mes propositions.
Est-ce que la Constitution telle qu'elle existe aujourd'hui vous convient ?
Il y a, bien sûr, des choses à améliorer dans la Constitution. Je pense à la question foncière qui est cruciale. Sur cette question comme sur d'autres, il peut être nécessaire d'apporter des amendements qui aillent dans le sens de l'intérêt des populations. En 2005, il y a eu un référendum que nous avons malheureusement perdu et, pourtant, il y avait des choses, de notre point de vue, qui n'allaient pas dans le sens des intérêts des populations. C'est pour cela qu'il faut trouver un moyen d'améliorer la Constitution.
Le Liberia est un pays très riche. Comment comptez-vous vous organiser pour financer tout ce que vous prévoyez ?
Nous avons beaucoup de partenaires au niveau international qui peuvent accompagner nos efforts au niveau local. Par exemple, au niveau des routes, tout pays qui veut vraiment nous accompagner pour en construire est le bienvenu. Cela permettra de faire évacuer nos produits agricoles qui, souvent, pourrissent dans les campagnes faute de routes. On peut, par exemple, pour cela prévoir un système de péage. Sur un autre plan, on peut investir dans le tourisme, car le Liberia a beaucoup de sites qu'il peut mettre en avant pour créer des activités et enrichir le pays. Nous avons par ailleurs des mines, du caoutchouc aussi, et j'en passe. Autant de produits qui sont des sources de revenus pour financer les projets du pays.
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