Après 37 ans au pouvoir, Robert Mugabe n'est plus président du Zimbabwe. Le dictateur de 93 ans, héros de la guerre d'indépendance du pays, vient de démissionner, une semaine après le coup de force de l'armée qui l'a affaibli.
Sa démission est immédiate. L'ex-président quitte de « façon volontaire », écrit-il, afin d'assurer un transfert harmonieux de ses pouvoirs.
« Moi Robert Gabriel Mugabe […] remets formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat », a déclaré le président de l'Assemblée nationale, Jacob Mudenda, en lisant, sous les applaudissements, la lettre de démission du chef de l'État.
Les parlementaires, réunis pour une session extraordinaire afin de débattre de la destitution du président, ont éclaté de joie.
La procédure de destitution entamée contre Robert Mugabe a par conséquent été interrompue.
À l'annonce de son départ, des milliers de Zimbabwéens sont descendus dans les rues de la capitale, Harare, pour faire la fête. Les automobilistes ont improvisé un concert de klaxons.
« Nous sommes tout simplement tellement heureux. Enfin les choses changent, a lancé Togo Ndhlalambi, coiffeur de 32 ans. On se réveille depuis si longtemps en attendant ce jour. Ce pays a traversé tant de périodes difficiles. »
Certaines personnes brandissaient des photos du chef de l'armée zimbabwéenne, Constantino Chiwenga, et de l'ex-vice-président Emmerson Mnangagwa, dont la mise à pied, ce mois-ci, est à l'origine de l'intervention de l'armée pour contraindre Mugabe à se retirer de la scène politique.
Selon toute vraisemblance, la période de transition devrait être dirigée par M. Mnangagwa, qui avait lui aussi appelé mardi M. Mugabe à démissionner et qui est à l'étranger depuis sa mise à pied.
La fin du « camarade Bob »
Accueilli en libérateur à l'indépendance en 1980, le « camarade Bob » a dirigé son pays d'une main de fer, muselant tous ses opposants et ruinant son économie.
Mais il semblait indéboulonnable, dernier chef d'État africain issu des luttes pour l'indépendance encore au pouvoir.
C'est sa deuxième épouse, Grace Mugabe, 52 ans, qui a précipité la chute de son régime, elle qu'il avait placé à la tête de sa puissante Ligue féminine, en décembre 2014, après une vaste purge dans les rangs de son parti.
Le 6 novembre, Grace Mugabe a obtenu l'éviction du vice-président Emmerson Mnangagwa, qui lui barrait la route dans la course à la succession de son mari, à la santé de plus en plus fragile.
L'éviction de ce fidèle du régime, héros de la lutte de « libération » du Zimbabwe, a provoqué l'intervention de l'armée, qui contrôle le pays depuis la nuit du 14 au 15 novembre.
Depuis, Robert Mugabe résistait aux appels à la démission. Ce n’est plus le cas.
Avec RDI
Application de CComment' target='_blank'>CComment