Retour à la case départ. Depuis le début de l'année, plusieurs milliers de migrants stoppés en Libye ont regagné leur pays d'origine. Une situation qui s'intensifie depuis la diffusion de la vidéo de CNN montrant des images de marchés aux esclaves et l'annonce de l'intention de l'Union africaine (UA) de rapatrier 20 000 migrants d'ici à la fin de l'année. Un chiffre revu à la hausse après une rencontre à Addis-Abeba avec des responsables de l'Union européenne et des Nations unies. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 15 000 migrants, majoritairement d'Afrique subsaharienne, seraient détenus ou contrôlés par des milices dans les centres de rétention officieusement contrôlés par le Gouvernement d'union nationale libyen (GNA).
De la difficulté à assurer les rapatriements
« On nous demande de rapatrier autant de gens en six semaines que ce que l'on a fait en huit mois, déplore Florence Kim, du bureau régional de l'OIM pour l'Afrique de l'Ouest et centrale. Mais l'urgence de la situation est telle que l'on va tout faire pour atteindre cet objectif. On accélère vraiment la cadence depuis quelques semaines », ajoute-t-elle. Si « la diffusion de la vidéo de CNN a donné de l'ampleur » au processus de rapatriements, une première intensification des retours a été engagée dès le mois d'avril dernier. L'OIM avait alors eu écho des marchés aux esclaves qui se déroulaient dans les centres de rétention de migrants en Libye.
Mais la tâche n'est pas aisée. « La plupart des gens que l'on rencontre n'ont plus de passeport. Il faut alors faire appel aux organismes consulaires sur place, qui rédigent des sauf-conduits, explique Florence Kim. Notre priorité : identifier les personnes les plus vulnérables, comme les enfants ou les migrants victimes de la traite des marchés aux esclaves », poursuit-elle. Un recensement qui a lieu uniquement sur la base du volontariat. « Bien sûr, on ne force personne à rentrer. Beaucoup de gens que l'on interroge ne veulent pas être rapatriés, malgré les situations très difficiles auxquelles ils sont confrontés. »
La réintégration des migrants de retour : l'autre casse-tête
Autre problématique gérée par l'OIM : la réintégration des migrants sur place. En tout premier lieu, le personnel de l'organisation distribue de l'argent aux migrants tout juste rapatriés, une somme qui leur permet de « rentrer chez eux » et de « couvrir leurs besoins immédiats ». Ensuite, les migrants font partie d'un programme de réintégration, financé par un fonds fiduciaire. Sur ce point, Florence Kim reconnaît que la méthode de l'OIM a dû évoluer. « L'aide personnalisée, au cas par cas, n'a pas permis dans de nombreux cas d'offrir une réelle alternative à la migration, avoue-t-elle. Aujourd'hui, on privilégie une réintégration collective. On essaye d'impliquer d'autres acteurs, et d'intégrer le migrant dans l'économie locale. Celui-ci subit parfois le rejet des populations locales, qui voient son retour comme un échec. Il faut donc impliquer le plus de personnes possible pour apporter une solution pérenne au rapatrié. »
Avec AFP/Le point
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