Libéré sous caution lundi 27 août, le député ougandais et star de la chanson, Bobi Wine, a été interpellé jeudi 30 août à l'aéroport d'Entebbe. Blessé lors de sa précédente incarcération, il a été placé en détention dans un hôpital.

Le chanteur et député ougandais Robert Kyagulanyi, plus connu sous le nom de Bobi Wine, a été une nouvelle fois arrêté jeudi 30 août au soir, après avoir cherché à se rendre à l'étranger pour soigner des blessures subies en détention.

Bobi Wine, libéré sous caution depuis lundi 27 août, a été interpellé jeudi soir à l'aéroport international d'Entebbe, et placé en détention dans un hôpital du gouvernement à Kampala, l'hôpital Kirrudu.

"La police ougandaise a violemment empêché Bobi Wine de voyager en dehors du pays, et ce même si la justice avait refusé de l'en empêcher lorsqu'elle l'a libéré sous caution", a déclaré à l'AFP son avocat Nicholas Opiyo. "C'est pour le moins absurde". Lundi, un tribunal de Gulu (nord) avait en effet refusé de confisquer le passeport de M. Kyagulanyi, malgré une demande en ce sens de l'accusation.

Son épouse, Barbie Kyagulanyi a publié sur Facebook une photo de Bobi Wine sur un lit d'hôpital, avec le récit suivant : "Bobi a été violemment arrêté par les forces de sécurité à l'aéroport d'Entebbe, alors qu'il s'apprêtait à s'envoler pour Washington, aux États-Unis, pour des soins, alors même qu'il avait obtenu du tribunal l'autorisation de voyager. Il m'a raconté avoir été brutalement frappé, dès que les portes de l'ambulance se sont refermées. Ils ont éteint la lumière de l'ambulance et ont commencé à le battre ! Bobi est de nouveau souffrant et a été jeté à l'hôpital de Kirudu […]. En lui refusant un accès aux soins médicaux, faut-il le rendre handicapé à vie ? Les mêmes personnes qui ont approuvé les actes de torture qui lui ont été administrés, ne peuvent pas se voir confier à présent [le soin de] son corps."

Bobi Wine a été inculpé de trahison, au même titre que 32 coaccusés, à la suite d'un incident à Arua (nord) le 14 août, au cours duquel des pierres avaient été jetées sur la voiture du président ougandais, Yoweri Museveni, venu soutenir le candidat de son camp à une élection partielle.

Lors de ses comparutions ces dernières semaines, Bobi Wine a semblé affaibli, utilisant parfois des béquilles pour se déplacer. Sa famille et ses avocats affirment qu'il a été battu et torturé en détention, des accusations rejetées par les autorités. M^e Opiyo, l'un de ses avocats, accuse les autorités de vouloir créer leurs "propres fichiers médicaux" pour cacher des preuves de torture de Robert Kyagulanyi.

Un autre avocat du chanteur, Robert Amsterdam, assure que "Bobi Wine avait parfaitement le droit de voyager pour un traitement médical". "Il n'a rien fait de mal, il n'a pas enfreint de loi. La police l'a battu, l'a détenu et inventera plus tard une fausse excuse".

Quelques heures avant la nouvelle arrestation de M. Kyagulanyi, le député Francis Zaake, accusé de trahison dans la même affaire et qui affirme avoir été battu en détention, a également été arrêté à l'aéroport d'Entebbe, alors qu'il tentait de quitter le pays.

Bobi Wine, 36 ans, s'est imposé comme un porte-parole de la jeunesse ougandaise et un détracteur virulent du président Yoweri Museveni depuis son élection comme député à l'Assemblée nationale en 2017.

Avec AFP / France24