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AFRIQUE

L'actualité de la semaine en Afrique

C’est ce dimanche 3 mars à minuit qu’expire en Algérie le délai de présentation des candidatures au scrutin présidentiel du 18 avril prochain. On saura donc dans les prochaines heures si le clan dirigeant a décidé de maintenir la fiction de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat présidentiel, malgré les protestations massives qu’elle engendre depuis une dizaine de jours. Cela fait déjà six ans que le chef de l’Etat en titre, victime en avril 2013 d’un AVC qui l’avait conduit à une hospitalisation de 82 jours en France, n’exerce plus le pouvoir réel. Sa caution symbolique a pourtant été mise en avant pour préserver le statu quo au sommet de l’Etat, lors de la reconduction de Bouteflika pour un quatrième mandat, en avril 2014. Cette formule, qui montre aujourd’hui ses limites, ne peut se comprendre sans un retour sur l’histoire récente de l’Algérie.

L’OMBRE DES « DECIDEURS »

L’Algérie constitue l’unique régime du monde arabe où les détenteurs de l’autorité authentique préfèrent demeurer en seconde ligne, laissant à un président en titre l’apparence d’un pouvoir dont ils détiennent la réalité. Cette spécificité algérienne remonte  à la déposition, en janvier 1992, du président Chadli Bendjedid, au pouvoir depuis 1979 : un groupe de généraux, opposés à l’acceptation par le chef de l’Etat de la victoire islamiste aux législatives en cours, avait alors opéré un putsch au nom d’une légitimité de l’armée supérieure, selon eux, à celle des urnes; il s’étaient pourtant bien gardés d’apparaître en public, afin de ne pas s’exposer directement aux conséquences tragiques de ce coup d’envoi de la « décennie noire ». Mais cet anonymat formel leur évitait aussi d’étaler au grand jour les querelles de pouvoir et les répartitions des prébendes qu’une certaine opacité institutionnelle leur permettait d’ajuster et de régler bien plus confortablement.

L’opinion algérienne inventa le terme de « décideurs » pour désigner cette direction collégiale aussi inaccessible qu’impitoyable. Le successeur de Bendjedid, désigné par ces mêmes « décideurs », Mohamed Boudiaf, crut pouvoir exercer une présidence authentique et il le paya de sa vie, assassiné en juin 1992 par son propre garde du corps. On comprend que le nouveau chef de l’Etat en titre, Ali Kafi, fut d’une parfaite docilité envers les « décideurs », qui s’accordèrent ensuite pour installer à la présidence un des leurs, Liamine Zeroual, sans doute le moins puissant d’entre eux, afin de ne pas faire de l’ombre à tel ou tel des « décideurs » effectifs. La guerre civile fait alors rage, mais Zeroual, formellement élu lors du scrutin présidentiel de novembre 1995, démissionne avant la fin de son mandat. Les « décideurs » se tournent alors vers Abdelaziz Bouteflika, ministre des Affaires étrangères de 1963 à 1979, exilé depuis 1980, essentiellement aux Emirats arabes unis. Bouteflika est élu président de la République, en avril 1999, dans un scrutin aux ingérences si flagrantes que les six autres candidats décident de se retirer collectivement.

LE SYSTEME BOUTEFLIKA

Il serait erroné d’affirmer que Bouteflika n’a été, de 1999 à 2013, qu’un président-potiche aux seules mains des « décideurs ». Ceux-ci lui ont obligeamment offert le privilège de clore la « décennie noire » par un dispositif de « concorde », puis de « réconciliation nationale » qui accordait en 2005 aux insurgés repentis, mais aussi aux militaires et paramilitaires, une amnistie de fait. Les « décideurs », par ailleurs en pleine recomposition, du fait de la guerre civile comme de la transition générationnelle, ont également laissé le président et sa famille développer leurs propres réseaux affairistes, sur fond de « libéralisation » strictement économique. L’attelage entre Bouteflika et les « décideurs »  prouve sa solidité lors des émeutes de janvier 2011, vite étouffées malgré l’exemple révolutionnaire de la Tunisie voisine. Il est vrai que des dizaines de milliards d’euros de la rente pétrolière sont alors redistribués pour anesthésier la protestation sociale. La crise éclate pourtant en janvier 2013, lorsque la hiérarchie militaire, menée par le général Gaid Salah, conteste le choix de Bouteflika de coopérer avec la France dans l’offensive anti-jihadiste au Mali. Les différends  entre l’état-major et la Sécurité militaire, envenimés par une attaque jihadiste majeure en Algérie même, sèment le trouble au sein des « décideurs ».

Un nouvel équilibre des forces au sommet de l’Etat se stabilise en deux temps: retour d’un Bouteflika impotent en Algérie, en juillet 2013, et imposition de sa reconduction pour un quatrième quinquennat; victoire de l’état-major, et donc du général Gaid Salah, sur ses rivaux de la Sécurité militaire, décapitée, puis restructurée en 2015-16. Les tensions au sein des « décideurs » redeviennent cependant tellement vives en 2018 qu’un consensus par défaut émerge en faveur de la reconduction de Bouteflika pour un cinquième mandat. Tout à leurs intrigues de factions, les « décideurs » ont cette fois sous-estimé la profondeur du rejet populaire d’un tel diktat. Le politologue Hasni Abidi estime que ce « passage en force » a été ressenti « comme une provocation et une humiliation collective ». Selon le poète Salah Badis, « les Algériens ont brisé la barrière de la peur ». Les étudiants ont déflé à Alger en scandant que leur pays est « une république, pas une monarchie ». Quant à l’écrivain Kamel Daoud, il accuse depuis Oran le pouvoir de se livrer à un « chantage à la guerre civile ».

Le peuple algérien a le droit imprescriptible d’avoir un président digne de ce nom. Ce droit a été affirmé avec courage, calme et détermination par des centaines de milliers de manifestants dans tout le pays. On ne peut qu’espérer que leur parole sera entendue. Et respectée.

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