Le pouvoir éthiopien assure avoir libéré Dessie et Kombolcha. Depuis que le premier ministre, Abiy Ahmed, a déclaré qu’il dirigerait les opérations sur le terrain, fin novembre, son gouvernement a revendiqué une série de victoires contre les Tigréens.
Le gouvernement éthiopien a affirmé, lundi 6 décembre, avoir repris les villes stratégiques de Dessie et Kombolcha, dans le nord du pays. « La ville historique de Dessie et Kombolcha, cité commerçante et industrielle, ont été libérées par les vaillantes forces de sécurité », a déclaré le service de communication du gouvernement sur Twitter.
Il y a tout juste un mois, les rebelles du Front populaire de libération du Tigré (TPLF) menaçaient Addis-Abeba, après avoir pris le contrôle de Dessie et de Kombolcha, situées sur une autoroute reliant la capitale au nord du pays et à Djibouti. Ils affirmaient avoir atteint Shewa Robit, à 220 kilomètres au nord-est d’Addis-Abeba.
Mercredi 2 décembre, le gouvernement a annoncé que ses forces avaient repris le site de Lalibela, célèbre pour ses églises taillées dans la roche et inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, qui était tombé aux mains des combattants tigréens en août.
Le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a affirmé lundi soir sur Twitter que les rebelles s’étaient retirés de plusieurs villes, dont Kombolcha et Dessie, et que « cela f[ais]ait partie de [leur] plan ». Dimanche, le chef du TPLF, Debretsion Gebremichael, a nié le fait que le gouvernement serait en train de reprendre l’avantage, assurant que les rebelles procédaient à une réorganisation stratégique et restaient invaincus. « L’ennemi devient plus fort, donc nous devons aussi être forts et intensifier notre lutte », a-t-il déclaré.
Des milliers de morts depuis un an
Le conflit a éclaté en novembre 2020 lorsque Abiy Ahmed avait envoyé des troupes dans la région du Tigré, la plus septentrionale d’Ethiopie, pour renverser le TPLF, en réponse, selon lui, aux attaques de rebelles contre des camps de l’armée. Les insurgés ont alors lancé une vaste contre-offensive en reprenant la majeure partie du Tigré en juin, avant de pousser jusque dans les régions voisines d’Amhara et d’Afar. Le conflit a pris un nouveau tournant il y a un mois, lorsque le TPLF a affirmé avoir pris Dessie et Kombolcha, sans exclure de marcher sur la capitale.
Cette escalade a suscité la panique des chancelleries occidentales, plusieurs Etats, comme les Etats-Unis, le Canada et la France, ayant demandé à leurs ressortissants de quitter le pays au plus vite.
Selon l’ONU, les combats ont fait des milliers de morts, plus de 2 millions de déplacés et plongé des centaines de milliers de personnes dans des conditions proches de la famine. Des massacres et des viols collectifs commis par les deux camps ont été recensés. Jusqu’à présent, les efforts diplomatiques déployés par l’Union africaine pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu n’ont permis aucun progrès décisif.
Les pays occidentaux s’inquiètent d’arrestations arbitraires
Plus tôt lundi, les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont tiré la sonnette d’alarme, s’inquiétant d’informations selon lesquelles le gouvernement éthiopien aurait arrêté arbitrairement un grand nombre de personnes sur une base ethnique.
Conjointement avec l’Australie, le Canada, le Danemark, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, les États-Unis ont demandé au gouvernement éthiopien de « cesser immédiatement » les arrestations, affirmant que « nombre de ces actes constituent probablement des violations du droit international ».
« Des personnes ont été arrêtées sans inculpation ni audience devant la justice et seraient détenues dans des conditions inhumaines », ont-ils ajouté, avant de réitérer leur appel à un « cessez-le-feu durable sans conditions préalables ».
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