Des centaines d'employés de Google ont signé une lettre de soutien au chercheur en intelligence artificielle (IA) Timnit Gebru, récemment licencié par l'entreprise.

Gebru dit qu'elle a été licenciée après avoir envoyé un e-mail interne accusant Google de "faire taire les voix marginalisées". Des centaines de ses collègues ont signé une lettre accusant le géant de la technologie de racisme et de censure.

Gebru a également recueilli le soutien des médias sociaux, les utilisateurs de Twitter utilisant le hashtag #BelieveBlackWomen (Believe in Black Women, en anglais) pour le défendre.

Google dit qu'il y a eu "beaucoup de spéculations et d'incompréhensions" au sujet de la démission.

Gebru est un chercheur respecté dans le domaine de l'éthique dans l'utilisation de l'intelligence artificielle. Elle est bien connue pour son travail sur les préjugés raciaux dans la technologie et pour sa critique des systèmes de reconnaissance faciale qui ne reconnaissent pas les visages noirs, car ils sont calibrés pour les visages des blancs.

"Mépriser Timnit pour avoir l'audace d'exiger l'intégrité de la recherche sape sérieusement la crédibilité de Google en soutenant une recherche rigoureuse sur l'éthique de l'IA et l'audit algorithmique", a-t-elle déclaré.

"Nous lui devons une dette de gratitude pour avoir progressé non seulement dans le domaine de l'intelligence artificielle, mais pour avoir promu l'égalité avec humilité et grâce."

Qu'est-il arrivé?

Gebru affirme que, alors qu'il se préparait à partir en vacances, il a été convoqué à une réunion au sujet d'un article de recherche qu'il a écrit. Elle a dit qu'elle avait reçu l'ordre de retirer son nom de son travail parce que Google n'était pas prêt à lancer une discussion sur ce sujet.

Après la réunion, elle a envoyé un e-mail à un groupe interne appelé "Brain Women and Allies", critiquant la décision. Une copie de l'e-mail a été publiée par le site Web Platformer.

"Il ne sert à rien d'entamer un débat à ce sujet, puisque vous n'êtes pas quelqu'un dont l'humanité est reconnue ou valorisée dans cette entreprise", a-t-elle déclaré dans l'e-mail. "Arrêtez d'écrire votre travail car cela ne fait aucune différence."

Gebru avait envoyé un e-mail à son chef direct énonçant certaines conditions dont elle avait besoin pour retirer son nom de l'article. S'ils n'étaient pas rencontrés, elle a dit "Je fixerais un rendez-vous" pour quitter l'entreprise.

Gebru a déclaré que Google avait répondu: "Nous respectons votre décision de quitter Google et nous acceptons votre démission."

"Cependant, nous pensons que votre travail devrait prendre fin plus tôt, car certains aspects de l'e-mail que vous avez envoyé hier soir aux employés non administratifs du groupe reflètent un comportement incompatible avec les attentes d'un responsable Google "a déclaré la société.

Gebru dit qu'elle n'a pas démissionné et a été licenciée par Jeff Dean, un cadre supérieur chez Google qui gère la recherche sur l'IA.

«Je pense que [l'administration] a décidé pour moi», a déclaré Gebru.

Quelle a été la répercussion du licenciement?

La nouvelle de sa démission est arrivée le jour même où une agence gouvernementale qui supervise les relations de travail aux États-Unis a accusé Google de licencier illégalement des employés qui participent à des activités syndicales.

La lettre ouverte de soutien au scientifique a attiré près de 2000 signataires, à la fois de Google et de l'industrie technologique en général. L'équipe Google qui a travaillé avec Gebru a salué ses contributions académiques et son travail en tant que manager.

"Je ne peux pas compter combien de fois Timnit Gebru nous a encouragés, a parlé pour nous, nous a défendus et a risqué son cou pour nous", a tweeté Deb Raji, chercheuse en IA.

"Elle a fait de réels sacrifices pour la communauté noire. Il est maintenant temps de la soutenir!"

Ce que dit Google

Dans un courriel, Jeff Dean a déclaré qu'il y avait "beaucoup de spéculations et d'incompréhensions" au sujet de la démission. Il a affirmé que l'article de Gebru avait été soumis un jour avant la date limite, ce qui n'était pas assez de temps pour le processus d'examen de Google. Il a également déclaré que les travaux "ignoraient beaucoup de recherches pertinentes".

"Timnit a répondu par un e-mail exigeant qu'un certain nombre de conditions soient remplies pour qu'elle puisse continuer à travailler chez Google, notamment en révélant l'identité de chaque personne à qui nous avons parlé et consulté dans le cadre de la revue de l'article et des commentaires", a-t-il déclaré.

"Timnit a écrit que si nous ne répondions pas à ces exigences, elle quitterait Google. Nous acceptons et respectons sa décision de quitter Google", a écrit Dean.

BBc