Des appels à la justice et des démonstrations de colère ont marqué les funérailles du président haïtien assassiné Jovenel Moïse, tenues sous haute sécurité, vendredi, sur le terrain de sa résidence privée, à Cap-Haïtien.
Arrivé sur place en matinée, le cercueil de M. Moïse, assassiné dans des circonstances non entièrement élucidées le 7 juillet à sa résidence de Pétion-Ville, avait été exposé sur une esplanade ornée de fleurs.
Avant la cérémonie religieuse, dirigée par cinq prêtres, un bataillon a rendu les honneurs militaires à l'homme de 53 ans, avec notamment l'hymne présidentiel, suivi de l'hymne national.
Également blessée dans l'attaque, la veuve de l'homme d'affaires devenu politicien, Martine Moïse, était présente, en compagnie de ses trois enfants pour rendre hommage à son défunt mari.
Justice! Justice!
, a scandé la foule lorsqu'elle est montée sur l'esplanade, le bras droit toujours en écharpe, avant de déposer son bras gauche sur le cercueil.
Dans un discours d'une quinzaine de minutes, son premier en public depuis l'assassinat, elle a déploré la fin tragique de Jovenel Moïse, sauvagement assassiné
, abandonné et trahi
.
Quel crime as-tu commis pour mériter un tel châtiment?
, a lancé Martine Moïse.
Il connaissait bien les vices de ce système pourri et injuste, ce système auquel peu avant lui ont voulu s'attaquer [...]. Il s'est retrouvé du jour au lendemain avec tout le système en bloc, en face de lui.
La veuve du président a cependant assuré ne chercher ni vengeance ni violence
.
Un contraste
Ces louanges contrastent avec la vive défiance que suscitait avant sa mort M. Moïse au sein d'une bonne partie de la population civile, qui l'accusait d'inaction face à la crise et de dérive autoritaire.
Des représentants de délégations étrangères et du corps diplomatique ainsi que les membres du gouvernement s'étaient succédé auparavant pour lui présenter leurs condoléances.
Le Canada était représenté sur place par ses ambassadeurs en Haïti et aux Nations unies, Stuart Savage et Bob Rae.
Le président américain Joe Biden a envoyé une délégation menée par Linda Thomas-Greenfield, l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, comptant notamment Daniel Foote, le nouvel émissaire américain pour Haïti.
La cérémonie a été ponctuée par des cris de colère de partisans du défunt président, qui ont accusé les autorités d'être responsables de sa mort.
Le chef de la Police nationale d'Haïti, Léon Charles, a notamment été pris à partie, se faisant traiter de criminel
et d'assassin
dès son arrivée.
Également présent, le nouveau premier ministre Ariel Henry, qui a pris ses fonctions mardi, a déjà promis de traduire en justice les assassins de Jovenel Moïse.
Au début de la cérémonie, des affrontements entre des manifestants réclamant justice pour le président et des policiers ont eu lieu à l'extérieur de la résidence de M. Moïse.
Des coups de feu ont été entendus et du gaz lacrymogène a été tiré.
La délégation américaine a quitté précipitamment les lieux, mais la cérémonie s'est poursuivie malgré tout.
Radio Canada
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