Mardi  26 novembre 2024 19:21
Connexion

Connexion à votre compte

Identifiant
Mot de passe
Maintenir la connexion active sur ce site

EUROPE

L'actualité de la semaine en Europe

Les séparatistes ont accepté mercredi de déposer les armes et d’entamer des pourparlers après la vaste offensive éclair menée par Bakou dans l’enclave à majorité arménienne du Haut-Karabakh. Entre l'affaiblissement de Moscou dans le Caucase et la dépendance des Occidentaux aux hydrocarbures, l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, a profité d’un contexte international favorable pour planter la dernière banderille à l’Arménie. 

Après plus de 30 ans d’un inextricable conflit, la bataille entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour le Haut-Karabakh pourrait bientôt connaître son épilogue. Les séparatistes arméniens ont accepté mercredi 20 septembre de rendre les armes après l’offensive éclair menée par Bakou, et d’entamer des pourparlers devant conduire à la réintégration de ce territoire sécessionniste à l’Azerbaïdjan.

"Un accord a été conclu sur le retrait des unités et des militaires restants des forces armées de l'Arménie (...) et sur la dissolution et le désarmement complet des formations armées de l'Armée de défense du Haut-Karabakh", a indiqué la présidence séparatiste dans un communiqué.

Cette annonce sonne comme une victoire décisive pour le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, soutenu diplomatiquement et militairement par Ankara, qui a fait de la réunification de son pays une priorité.

Séparée de l'Arménie et rattaché à l'Azerbaïdjan en 1921 par Staline, l’enclave montagneuse à majorité arménienne du Haut-Karabakh est un point de tension permanent entre les deux anciennes Républiques soviétiques depuis la chute de l’URSS. En 1991, le territoire s’auto-proclame République indépendante d’Artsakh mais ne sera jamais reconnu par la communauté internationale.

"L'Arménie est sortie victorieuse d'une première guerre en 1994, mais Bakou a toujours refusé ce fait", rappelle sur France 24 Jean Radvanyi, géographe et professeur émérite à l'Inalco. "Grâce aux hydrocarbures, Bakou en a profité pour se réarmer avec le soutien d'alliés comme la Turquie et le rapport de force n'a cessé d'évoluer". 

Une stratégie de harcèlement

Prétextant "une opération antiterroriste" après la mort de quatre militaires et deux civils tués par l’explosion de mines, Bakou a parachevé mardi son offensive débutée en 2020 avec l’opération "poing d’acier”, une guerre meurtrière au cours de laquelle les forces arméniennes se sont s’inclinées devant la supériorité militaire de l'Azerbaïdjan. 

Au lendemain de cette humiliante défaite, Erevan doit céder à Bakou des territoires dans et autour du Haut-Karabakh. Un cessez-le-feu est négocié sous l'égide de la Russie qui déploie sur place 2 000 soldats de la paix russes, mais des échauffourées armées éclatent encore régulièrement à la frontière.

Profitant de l’affaiblissement d’une Arménie divisée et traumatisée, l’Azerbaïdjan lance ensuite la deuxième phase de son plan : une guerre d’usure destinée à couper du monde les quelque 120 000 Arméniens de l’enclave à travers le blocus du corridor de Latchine, véritable cordon ombilical reliant le Haut-Karabakh à "la mère patrie". 

Sur place, les soldats russes censés garantir la sécurité des Arméniens – en vertu de l’accord de paix signé en 2020 – laissent la crise humanitaire s’installer. Il faut attendre le 18 septembre pour que des camions de la Croix-Rouge transportant des denrées alimentaires et des médicaments obtiennent l’accès au Haut-Karabakh faisant croire au début d’une phase d’apaisement.

Moscou, allié mais pas trop

L'offensive éclair de Bakou apparaît également comme le fruit d'un affaiblissement de Moscou dans la région qui, depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022, peine à tenir son rôle traditionnel de gendarme du Caucase.

"Depuis la chute de l'URSS, la Russie était la gardienne de la paix dans la région et permettait le maintien d'une forme de statu quo, or Moscou est concentré sur un autre conflit en Ukraine qui semble loin d'être terminé", explique Lukas Aubin, chercheur associé à l'Iris et auteur de géopolitique de la Russie (Éd. La Découverte).

Par ailleurs, la Russie est devenue beaucoup plus dépendante de l'Azerbaïdjan, l'un des pays qui lui permet de contourner les sanctions occidentales.

Enfin, le soutien de Moscou à Erevan n'a cessé de s'étioler ces dernières années. Considéré comme un partenaire peu fiable par le Premier ministre Nikol Pachinian, élu en 2018, ce dernier a préféré se tourner vers l'Ouest pour obtenir des garanties de sécurité. 

En novembre 2022, Nikol Pachinian a refusé de signer la déclaration finale du sommet de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), dirigée par la Russie et dont l’Azerbaïdjan fait également partie, signe de la rancœur grandissante d'Erevan contre l'inaction de Moscou.

"Nikol Pachinian mène une politique pro-occidentale, ce qui n'était pas forcément le cas au départ, ce qui irrite Moscou", rappelle sur France 24 Laurent Leylekian, spécialiste du Caucase du Sud et analyste politique. "L'Arménie a notamment ratifié le traité fondateur de la Cour pénale international pour protéger la minorité arménienne du Haut-Karabakh". Un processus entamé fin 2022 mais qui s'est achevé, hasard du calendrier, quelques jours après l’annonce du mandat d’arrêt de la CPI contre Vladimir Poutine. 

Depuis, Erevan a multiplié les gestes de défiance envers le président russe. Début septembre, l'Arménie a annoncé une aide humanitaire à l'Ukraine. Autre motif de mécontentement pour le Kremlin : la tenue d’un exercice militaire conjoint avec les États-Unis débuté le 11 septembre. Des manœuvres vues d’un très mauvais œil par Moscou, qui a convoqué l’ambassadeur d’Arménie en dénonçant des "mesures inamicales".

"Toutes les raisons d'être inquiet" 

Désormais, la réaction occidentale se fait attendre. Mais là encore, le contexte international semble jouer en faveur de l'Azerbaïdjan. En janvier, l'Union européenne a signé un accord de grande envergure pour l'importation de gaz naturel avec Bakou, afin de réduire la dépendance vis-à-vis des approvisionnements russes.

Quelques mois plus tard, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a fait le déplacement à Bakou pour annoncer un nouvel accord visant à doubler les importations de gaz azerbaïdjanais. 

Dans une tribune publiée dans Le Monde, une cinquante d'élus français ont critiqué un projet qui plaçait de nouveau les Européens "en situation d'une nouvelle dépendance envers un État aux aspirations belliqueuses". "Les Occidentaux ont toujours été assez hypocrites dans cette histoire, car ils préfèrent négocier le gaz et le pétrole avec Bakou plutôt que de soutenir véritablement les Arméniens", estime Jean Radvanyi.

 

Pour les Arméniens du Haut-Karabakh et l'Arménie s'ouvre une période de tous les dangers à la veille de ces négociations entamées dans une position d'extrême faiblesse.

"Les dirigeants arméniens du Karabakh sécessionniste ont longtemps refusé de reconnaître que ce territoire appartenait à l'Azerbaïdjan. Là, il y a un déclic très important qui pourrait aboutir à une solution mais j'espère que celle-ci permettra d'assurer le statut des Arméniens du Karabakh", veut croire Jean Radvanyi.

Mais d'autres experts interrogés par France 24 voient d'autres scénarios beaucoup plus sombres se dessiner. "C'est la mort ou l'exil qui attend les Arméniens du Haut-Karabakh, car il est impossible pour un Arménien de vivre dans un pays où la haine raciste anti-arménienne constitue la raison d'être", juge Laurent Leylekian, qui dénonce un "nettoyage ethnique". 

L'autre inquiétude porte sur l'intégrité même du territoire arménien, alors que le Haut-Karabakh pourrait perdre sa fonction de zone tampon entre les deux ennemis jurés du Caucase. "Il y a toutes les raisons d'être inquiet. Si cette zone tampon venait à disparaître, les velléités azéries pourraient être encore plus importantes", analyse Lukas Aubin. "Or, sans le soutien russe et sans celui franc et massif des Occidentaux, on voit mal l'armée arménienne être en mesure de résister".

 

France 24

 

Application de CComment' target='_blank'>CComment

Info en Direct


search

À la une

les plus lus

Mistral : l’Egypte et l’Arabie saoudite candidates au rachat des navires (le monde)

Mistral : l’Egypte et l’Arabie saoudite candidates au rachat des navires (le monde)

La Russie dévoile le missile Satan 2, capable de raser un pays comme la France

La Russie dévoile le missile Satan 2, capable de raser un pays comme la France

Raul Castro au défilé du 9 mai à Moscou

Raul Castro au défilé du 9 mai à Moscou

PUBLICITÉ

  • RDC annonces
    RDC annonces
  • RDC emploi
    RDC emploi
  • RDC immo
    RDC immo

La revue de presse

31 January 2024
La Revue de Presse de ce 31 janvier 2024

Les crimes oubliés en RDC

Le Panafricaniste Kemi Seba parle du criminel Kagame et de la RDC

SUIVEZ-NOUS

Facebook
Twitter
Google plus
Youtube

RDCN sous tous les formats

Iphone,Ipad et Android

Copyright ©2014-2017 RDC Nouvelles | Membre du réseau RDC Médiacom | Site conçu et hébergé par RDC Netcom