Le commandant en chef des armées ukrainiennes s'affirme de plus en plus comme un potentiel rival politique pour le charismatique président. Car la popularité de Valery Zaloujny grandit, malgré les difficultés sur le front de la guerre contre la Russie.
C'est l'histoire d'une rivalité entre deux hommes, en plein cœur de la guerre. En Ukraine, il y a d'un côté Volodymyr Zelensky, le charismatique président et chef de guerre qui s'est révélé, pour beaucoup, depuis l'invasion de son pays par la Russie. De l'autre, il y a celui qui est chargé de piloter la contre-offensive sur le terrain, Valery Zaloujny, commandant en chef des armées. Le premier voit dans le second un potentiel rival politique.
Pour comprendre la rivalité, désormais ouverte, entre les deux hommes, il suffit d'aller dans les magasins de souvenirs de Kiev. On y vend du papier toilette imprimé du visage de Vladimir Poutine, des pulls kaki de l’armée ukrainienne avec, non pas le portrait de Volodymyr Zelensky, mais le visage rond de Valery Zaloujny. À 50 ans, Valery Zaloujny, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, considéré comme le sauveur de Kiev, est probablement l’homme le plus populaire du pays. Il a un parler franc, il est calme et capable d’empathie, assurent les soldats sur le front qui ont pour lui une confiance absolue.
Son pragmatisme sans concession est aussi apprécié à l’arrière, où les critiques envers Volodymyr Zelensky se font de plus en plus sentir face à la politique de l’Ukraine. Volodymyr Zelensky n’arrive pas à obtenir l’aide que son chef d’état-major réclame, cet armement plus technologique considéré par l’armée comme vital pour enfin faire basculer le rapport de force dans cette contre-offensive où l'armée russe, elle, ne semble avoir aucune limite. Valery Zaloujny l'a donc réclamée directement début novembre dans une interview au Financial Times, contournant son chef, le président ukrainien, et accréditant les rumeurs de dissensions entre les deux hommes.
Valery Zaloujny a également critiqué Volodymyr Zelensky mardi 26 décembre sur le délicat sujet de la mobilisation. La semaine dernière, le président ukrainien a d'abord renvoyé sur le second la responsabilité de vouloir mobiliser un demi-
million d’hommes supplémentaires, une annonce qui sème l’angoisse dans la population. Valery Zaloujny a finalement répondu qu'il ne voyait pas l'utilité de parler de ce genre de chiffre publiquement à ce stade. Il a aussi regretté l’inefficacité des services de conscription. La conscription est limitée par la corruption, sachant que la population reproche justement à Volodymyr Zelensky de ne pas s'attaquer radicalement au sujet.
France Info
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