Les autorités du Haut-Karabakh ont ordonné la dissolution de toutes les institutions de l'entité d'ici le 1er janvier, a déclaré jeudi le président auto-proclamé de la région, alors que 65 036 réfugiés ont fui l'enclave depuis dimanche, selon les autorités arméniennes.
La république séparatiste autoproclamée du Haut-Karabakh a annoncé, jeudi 28 septembre, qu'elle allait dissoudre toutes ses institutions à partir du 1er janvier 2024, une semaine après une offensive victorieuse de l'Azerbaïdjan.
Le décret du dirigeant de cette enclave annonce la dissolution "de toutes les institutions gouvernementales et organisations (...) au 1er janvier 2024" et qu'en conséquence "la République du Haut-Karabakh (Artsakh) cesse son existence".
Un tribunal azerbaïdjanais a par ailleurs placé jeudi l'ancien dirigeant séparatiste du Haut-Karabakh, Rouben Vardanian, en détention provisoire, après l'avoir inculpé de financement du terrorisme et d'autres crimes. "Le tribunal a décidé d'appliquer une mesure préventive sous forme d'arrestation" concernant l'homme d'affaires qui a dirigé cette région de novembre 2022 à février dernier, a déclaré le service de sécurité de l'État azerbaïdjanais dans un communiqué.
Les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh ont subi en vingt-quatre heures la semaine dernière une défaite militaire qui les a forcés à capituler face à l'Azerbaïdjan, pays dont ils avaient fait sécession à la chute de l'URSS, il y a plus de trente ans.
L'Arménie, qui a soutenu ce territoire pendant ces décennies, n'est pas intervenu militairement cette fois-ci, ouvrant la voie à la réintégration de la région à l'Azerbaïdjan. Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a en revanche appelé la communauté internationale à agir et à punir l'Azerbaïdjan pour ce qu'il considère comme un "nettoyage ethnique" en cours. "Si les condamnations [de la communauté internationale] ne sont pas suivies de décisions politiques et juridiques adéquates, alors ces condamnations deviendront des actes de consentement avec ce qui se passe", a-t-il dénoncé.
Interviewée sur France 24, l'ambassadrice d'Arménie en France, Hasmik Tolmajian, a alerté sur la gravité de la situation, estimant qu'il n'y aurait bientôt "plus un Arménien" au Haut-Karabakh.
Plus de la moitié des Arméniens du Haut-Karabakh ont fui l'enclave
L'annonce de la dissolution de la république autoproclamée du Haut-Karabakh tombe au moment où 65 036 réfugiés, soit plus de la moitié des 120 000 habitants de cette région séparatiste, ont fui vers l'Arménie, selon les autorités arméniennes. "L'État fournit un logement convenable à tous ceux qui n'ont pas de lieu de résidence prédéterminé", a indiqué le gouvernement arménien dans un communiqué.
Bakou a ouvert dimanche le corridor de Latchine, la seule route reliant l'enclave à l'Arménie, quatre jours après la capitulation des séparatistes et un cessez-le-feu, entraînant l'exode de milliers de civils fuyant l'arrivée des forces azerbaïdjanaises.
Pour ajouter aux tourments de l'enclave, plus de 100 personnes sont toujours portées disparues après l'explosion d'un dépôt de carburant pris d'assaut par les habitants, lundi soir en plein exode. Le drame a fait au moins 68 morts et 290 blessés.
Dans son décret de dissolution de la république autoproclamée, le dirigeant séparatiste souligne qu'une fois les conditions du retour de la région sous le contrôle de l'Azerbaïdjan connues, les habitants et les réfugiés pourront "individuellement prendre la décision de rester ou de revenir au Haut-Karabakh".
France 24 avec AFP
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