Moscou a rapidement appris de ses erreurs et a modifié ses tactiques pour mener une guerre d’usure implacable contre les troupes ukrainiennes. L’industrie russe s’est aussi renforcée pour faire face au soutien occidental.
Moscou serait la maîtresse de la guerre d’attrition. C’est le constat amer de généraux américains qui se sont entretenus avec des journalistes du Wall Street Journal. Ces hauts gradés ont estimé
que l’armée de Vladimir Poutine “s’est constamment adaptée aux changements survenus sur le champ de bataille ukrainien”, jetant le doute sur les projets de Kiev de reconquérir les régions annexées par le gouvernement russe. La Russie a également modifié et renforcé son complexe militaro-industriel pour user les troupes ukrainiennes mais aussi le soutien militaire occidental.
Pour préserver son armée de l’air ainsi que sa supériorité aérienne, Moscou a modernisé ses bombes soviétiques pour en faire des “armes ailées”. Plus précisément, les avions de chasse russes volent assez loin de la ligne de front pour larguer massivement des bombes planantes pour frapper les troupes ukrainiennes. Ces bombes ont une portée supplémentaire et volent suffisamment bas et loin pour échapper à certaines défenses aériennes utilisant un système de radar.
La Russie a également éloigné les postes de commandement et de nombreux dépôts de munitions des lignes de front après que l'Ukraine les a frappés à l'aide de lanceurs Himars fournis par l'Occident, qui tirent des roquettes guidées d'une portée de près de 80 kilomètres. Cela a été aussi le cas lorsque l’armée de Volodimir Zelenski a commencé à utiliser des bombes à longue portée guidées par satellite. Les Russes ont encore éloigné leurs postes de commandement. Ces frappes ont contraint les troupes de Moscou à économiser leur artillerie, à étendre leurs lignes de ravitaillement déjà mises à rude épreuve et à devenir plus précis dans leur ciblage.
Une défense composée de pièges redoutables
L’État-major russe protège désormais mieux ses soldats en construisant des tranchées profondes et hautement fortifiées. Les fantassins cachent leurs chars et leurs véhicules blindés de transport de troupes dans les lignes d'arbres et sous des filets de camouflage, et effectuent des sorties pour tirer sur les positions ukrainiennes avant de se replier rapidement "Si l'on compare leurs nouvelles tactiques avec ce qu’ils faisaient au début de l'invasion, la différence est colossale", a confé au Wall Street Journal Oleksandr Solonko, soldat dans un bataillon ukrainien de reconnaissance aérienne près de Rabotino, à proximité des principales lignes de défense de la Russie dans le sud. "Ils ont inondé la campagne avec des mines et installé toutes sortes de pièges. Ils l'ont bien fait."
Le colonel Yuriy Ihnat, porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne, a déclaré au Telegraph que ces bombes représentaient une "menace très sérieuse". Le rayon d'action accru offert par ces ogives planantes permet aux chasseurs russes d'éviter les sorties risquées près des lignes de front pour tirer des munitions. Les responsables ukrainiens estiment que les forces de Moscou larguent au moins 20 bombes planantes par jour sur le champ de bataille.
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